01
DIMNAÏNA
Lone Pine
Ils sont arrivés vers 16 heures. Depuis Yosemite, la route a été longue. La route est toujours longue, la route demain sera longue, encore et encore. Et dans une semaine la route encore sera longue, elle est longue pour elle, elle va être longue pour lui, pour eux. Demain, ils traverseront la Vallée de la Mort. Tout à l’heure, ils se sont baladés un peu dans la ville. Elle est un peu connue, beaucoup de westerns y ont été tournés. Dans tous les bars, tous les fast-foods, des portraits d’acteurs vieillis couvrent les murs. À Lone Pine, on n’est pas vraiment dans la réalité. Pourtant ce malaise rampant en elle, lui, est bien réel. Elle avait pensé plein de choses, elle avait cru que partir aux Etats-Unis pendant un mois, voir du pays, parcourir les routes, s’inscrire dans un autre quotidien, ça rafraîchirait le couple, la famille, l’atmosphère. Même pas durant les premiers jours, l’illusion n’avait fonctionné. Son mari vivait comme avant, rien ne changeait, forcément, ç’avait été stupide, faible, de croire qu’un mois changerait tout cela.
Il a accompagné les enfants à la piscine du motel. Ils sont partis de Yosemite tôt ce matin, ils se sont arrêtés pour déjeuner, dans un dinner où l’on entendait Britney Spears à la radio. Ils sont éreintés, le ventre lourd de fonctionner aux burgers depuis une dizaine de jours, le corps lourd de passer ses journées assis dans une voiture à se heurter constamment au paysage qui lui, défile. Les trois enfants jouent dans la piscine. Il y a très peu de monde. Le mari filme un peu. Il faut bien filmer tout ça, sinon comment reste-t-on heureux ? Comment se souvient-on que l’on a vécu telle chose, que l’on a eu telle chance, quand on en est si loin plus tard ? Il fait très chaud. Elle est restée dans la chambre, elle défait quelques bagages. Elle est enfin un peu seule. Elle s’assoit sur le lit deux places, où ils dormiront ce soir tous les deux. La chambre est sombre, dehors il fait pourtant si chaud, si lumineux. Assise là, elle est toute petite, au milieu des chambres, dans le motel, dans la ville passage, au milieu du désert, des montagnes lourdes. C’est difficile pour une mère, d’être toute petite. Elle a rencontré son mari il y a treize ans. Ils se sont mariés, très vite ; elle était très jeune. Ils ont eu un premier enfant, très vite aussi. Ils étaient amoureux. Elle trouvait en lui le moyen de s’émanciper, de s’affranchir de sa famille, bourgeoise, codifiée, stricte. Lui… c’était beaucoup trop pour lui forcément. Cela tenait du rêve, du miracle, donc de l’inexplicable. Lui, élevé dans une famille modeste, par elle, accédait à un autre monde. On pouvait parler d’élévation. Ils avaient travaillé, dur, ils avaient tout construit, fait des enfants, besogné, ils avaient vécu, comme il faut. Mais le temps, le Temps… le Temps est traître, on croit le contrôler, on croit être plus fort, mais tout s’effondre toujours. Au début quand on aime, on se voile les yeux, on ne le fait pas exprès, on est persuadé que l’on bâtit quelque chose d’indestructible, d’éminemment solide. Mais oui, le temps renverse tout, parce que tout est friable. Ce décalage social entre elle et lui était fécond à l’origine. Comme lorsque l’on découvre un pays différent du sien. Mais, le ludique est dans l’acclimatation. Une fois celle-ci effectuée, il ne reste rien au fond. On est seulement de nouveau installé, dans un autre pays. Et l’on commence à regretter sa terre d’origine. Elle avait regretté sa famille, son éducation, son environnement bourgeois. Plus âgée aujourd’hui, il faisait moins bon jouer les révoltées, il était temps de se ranger. Et son mari, habillé de tout son environnement sociologique, pesait aujourd’hui trop lourd sur elle, sur ses projets. Le décalage fertile était devenu source de maladie.
Pourtant, il est gentil. Il n’est pas trop gentil, parfois il sait être virulent, sévère ; avec ses enfants par exemple. Il est même très drôle, il se moque beaucoup des autres. Il n’est pas trop gentil, mais il est amoureux. Quand on n’aime pas, on est méchant. Elle sait bien qu’elle est méchante. Méchante de voir, de penser, de faire tout ça. Mais c’est inévitable. Il est trop rustre, il a des amis trop vulgaires. Elle ne peut plus supporter les journaux qu’il lit. Son humour, il ne la fait plus rire. Tous les matins, il prend du café, elle déteste ça. C’est absurde elle le sait, mais quelque part le café pour elle c’est le prolétariat ; rien avoir avec le thé qu’elle prend depuis qu’elle est toute petite. Elle en a marre de ne pouvoir s’offrir les vacances qu’elle souhaiterait. Elle a quitté beaucoup de ses anciennes amies, mais celles qu’elles fréquentent encore ont des maris différents. Ce genre de maris qu’elle voulait à tout prix ne pas avoir plus tard.
Il doit être 23 heures. Ils sont allés dîner dehors. Le plus petit a pleuré à table, il ne voulait pas marcher dans la ville après. Ils ont rencontré des Français, on en rencontre dans chaque ville américaine. Ils sont tous couchés désormais. Demain ils se lèvent tôt, ils doivent traverser la Vallée de la Mort, pour arriver à Las Vegas en fin de journée. Ils doivent encore faire des photos, et des films, et des sourires. Il prend sa main, sous le drap. Les enfants dorment. Ils ne font pas l’amour, il n’y a pas de porte, et le petit dort dans leur chambre. Parfois, de moins en moins, elle l’aime encore assez pour ne pas trop souffrir lorsqu’ils font l’amour. Mais un jour elle cèdera.
Alors elle va laisser encore le temps passer un peu. Elle sent que ses enfants sont un peu jeunes encore, ils seraient trop déstabilisés par une rupture aujourd’hui. Mais demain, l’été prochain, peut-être dans deux ans, ils auront mûri, ils auront appris. Elle sait qu’ils souffriront quand même, mais c’est inévitable. Alors elle le quittera. Elle ne pense pas à sa souffrance, elle ne veut pas y penser, elle ne veut pas se sentir coupable. Peut-être ne l’est-elle pas. Elle en parlera à son mari, il mourra à l’intérieur, ils iront l’annoncer à leurs enfants, ils se sentiront perdus, surtout, ils ne comprendront pas. Le couple se séparera, les directions se distingueront, violemment, mais cela se fera.
Les gens s’affolent, les esprits s’embrasent, les yeux rient, les yeux pleurent. Certaines personnes rebondissent, d’autres s’affaissent, et le temps, infatigable, le temps maintient son vol.
02
C.
T'es posée là sur le lit, bah ouais, t'es là sur le lit.
Pourtant tu me regardes pas.
t'es posée là j'te dis, avec tes yeux grands, ils sont grands tes yeux, ils sont saillant, ils me regardent pas tes yeux là.
'y'a plus de cornis' qu'tu me dis.
Moi, pourtant, moi je t'ai deja dis, que l'minibar, bah il se vidait comme ca, d'un paf t'as compris.
et toi tes assise là, avec tes yeux qui me repoussent, qui m'denigrent, ouais tu t'en fous toi,
de qui va payer ct'hotel pourri, 46 passage jouffroy.
03
ANONYME
Allergic
8ème étage, baies vitrées surplombant Manhattan. Tapis à poils blancs au sol, deux clubs jaunes pâles, un poste de télévision, décoratif. Beau, la vingtaine, le teint plutôt bronzé, assez maigre et traits finement dessinés est dans la salle de bain. Judith elle, posée sur un des clubs, a le regard perdu sur le traffic, quelques mètres plus bas. Elle est blonde, grande, et à la limite de la maigreur dite maladive. Sa cloison nasale, très étroite, s'accorde parfaitement avec sa chevelure, fluide et désordonnée. Cela fait maintenant 20 jours qu'ils habitent cet hotel, mais Judith ne se fait toujours pas à l'idée de vivre dans cette "maison de passage", comme elle le répète à Beau. "Il n'y a pas de vie, du moins pas de vie posée ici, pas d'histoires". "Baby, je pense qu'il se passe plus d'histoires charnelles ici que nulle part ailleurs dans un pavillon de la banlieue New Yorkaise" lui répètait-t-til à chaque fois.
Les journées étaient aussi similaires et cadencées que le mouvement d'un métronome. Beau vague et Judith divague. Elle était bien sortie quelque fois, sans pour autant dépasser la porte rotative en verre à l'entrée de l'hotel. Elle avait essayé, quelques fois de déjeuner en bas, dans le restaurant de l'hotel, mais les regards inquisiteurs des clients l'avaient dérangée. Elle se résignait depuis à prendre ses repas dans sa chambre. Beau avait bien entendu remarqué son ennui, mais il avait vraiment voulu s'établir dans un hotel. "C'est un projet de vie", répètait-t-il.. Judith était agacée quand elle écoutait sa "théorie". Elle lui répondait qu'un vrai projet de vie "alternatif" comme il voulait le revendiquer, c'était partir vivre trois mois dans un motel du Nevada. Elle se réconfortait en nourrissant son propre projet, celui naît par la force des choses, avec le temps, à l'hotel, à savoir, observer les gens, les "passers by" comme elle les avait surnommés.
Judith, en 20 jours, vivait déjà ce que l'on appelle "la routine". Des repas servis en temps et en heure voulue, une vie de moins en moins productive, une coupure progressive avec le reste de ses amis, pourtant toujours en ville. Il y avait parfois ces quelques soirées données dans leur suite. Mais à la dernière, Judith s'était enfermée dans une chambre, avec deux bouteilles de Moet. Elle espèrait que le caprice fantaisiste de Beau se termina bientôt. Elle l'aimait, profondemment. Elle le lui disait quand elle est seule dans la suite, jamais quand il était là.
Le soir, ils s'endormaient après avoir fait l'amour dans des draps chaque jour renouvelés. La journée, elle dormait devant les images acidulées d'MTV, essayait toutes ses culottes ou restait à la fenêtre. Parfois elle faisait une série d'abdos fessiers. Sa nourriture depuis son arrivée n'était composée que d'Evian et de salades de soja. Elle fumait trop, des joints parfois. Beau le lui reprochait.
Cela faisait maintenant cinq mois que Beau et Judith vivaient dans cet Hotel. Judith de plus en plus cernée avait une peau d'une blancheur parfaite. Beau, lui aussi, s'était peu à peu plongé dans une routine, où sortir était devenu un effort inutile. Leur vie d'auparavant semblait s'être presque évanouie. Beau avait encore l'espoir d'être cool, d'avoir accompli ce projet de vie si "alternatif", comme il le voulait. Seulement il ne s'était pas rendu compte de ce que Judith au contraire avait compris une semaine après leur établissement.. Cet assistanat qu'apportait l'hotel, cette coupure si simple avec leur vie passée, sans même s'enfuir dans un Etat ou un pays étranger, les avait retranchés, petit à petit, de leur véritable vie. Ils ne recevaient plus, ne déjeunaient pas à heures fixes, et ne buvaient même plus. Ils fumaient, dormaient.. Judith ne menstruait plus, elle ne savait si c'était par anorexie, ou parce qu'elle étaitt enceinte.. Elle connaissait cette chambre par coeur, avait l'impression d'y avoir toujours vécu. Cette froideur qui la pétrifiait à son arrivée était devenue son état d'esprit. Elle ne pensait même plus au parquet de la maison familiale de Louisiane..
Le suicide de Judith avait contraint Beau à quitter l'hotel. Il y faisait mauvaise presse désormais.. Lorsque Beau laissa la clé magnétique à la réception, "Allergic" de Miss Kittin résonnait dans sa tête. Il s'était dit que cette chanson résumait ces 18 derniers mois à l'hotel.
04
UGLY VIXEN
Sans titre
Lorsqu'elle arriva au restaurant il était déjà là, le nez plongé dans son portable. Elle s'approchait tandis qu'il levait les yeux. Elle était là, souriante et terriblement sensuelle. Si leur intimité le lui avait permis il se serait levé et l'aurait entraînée ailleurs, dans un lieu tranquille, loin du bruit et loin des gens. Seulement ils n'en étaient qu'à leur second rendez-vous et il allait devoir, durant tout le dîner feindre de ne pas avoir remarqué le décolleté de sa robe qui laissait entrevoir la naissance de ses seins, ni sa bouche charnue et gourmande, ni ses yeux entrainants, ni l'invitation insistante que lui faisait son corps. Alors il fit semblant, semblant de s'intéresser à son discours sur la politique, la musique, ou encore le cinéma. L'enchantement du corps provoquait presque l'irritation de l'esprit.
Bien sûr qu'elle savait, bien sûr qu'elle comprenait et bien sûr qu'elle aussi avait envie qu'il lui arrache sa robe et la prenne sur la table. Mais elle savait aussi par expérience que si elle se laissait prendre au jeu du sexe dés maintenant alors il ne serait plus question que de ça entre eux. Alors elle tenta de dominer son corps et parla sans trop de conviction de tout ce qui lui passait par la tête. Elle se sentait conne à chaque phrase débitée. Pas qu'elle se trouvait vraiment conne au fond ou qu'elle ne s'assumait pas, c'est juste qu'elle sentait que ce qu'elle disait était décousu et même peut-être inaproprié et pire que tout, elle craignait surtout que lui la trouva ainsi.
Lorsqu'enfin le dîner fut terminé il lui proposa de l'accompagner dans sa chambre d'hôtel. Oui ça ne faisait que deux semaines qu'il était en ville et n'ayant toujours pas trouvé de logement, sa société lui payait sa chambre. Vivant elle-même chez ses parents l'hôtel demeurait la seule alternative alors elle accepta.
L'hôtel était assez simple, sans plus mais en bon état. La chambre était basique, un grand lit, une salle de bain, un téléphone et et une télé. Elle se déchaussa instinctivement et s'assit sur le lit, par politesse il lui proposa à boire, ce qu'elle refusa tout aussi poliment. Elle alluma une cigarette et regarda dans le vide un moment, elle était désormais ailleurs, loin d'elle et loin de lui au point de ne pas se rendre compte qu'il l'observait. Il était resté debout, adossé au mur et se disait qu'elle était vraiment très belle coiffée ainsi dans sa jolie robe. Et que son air perdu la rendait presque touchante. Il se sentit vulnérable tout d'un coup et troublé fit tomber son verre par terre. Surprise elle sortit de sa rêverie et bizarrement sa maladresse et son air de chien battu le rendait irrésistible. Alors elle se leva du lit et se dirigea vers lui très doucement, impérieuse et lui tendit la main alors qu'il était à genoux en train d'éponger la moquette. Il se laissa relever et lorsqu'elle l'embrassa délicatement sur la bouche il se laissa encore faire. Puis elle s'écarta de lui et laissa tomber sa robe à ses pieds, génée elle cacha ses yeux avec sa main. Rien n'était vulgaire chez elle. En dépit de sa nudité il y avait quelque chose d'extrêmement pudique chez elle et le fait qu'elle masquait la moitié de son visage rajoutait de l'innocence à cela. Cette fille là n'atait pas comme les autres, cette fille là était dangereuse et terriblement émouvante. Jamais depuis le début de son "marathon sexuel" il n'en avait rencontré une pareille. Il aurait voulu s'enfuir loin d'elle si seulement il n'avait pas été trop tard, le charme opérait et il restait là, paralysé. Il hésita encore un instant et s'approcha d'elle. Ignorant d'abord le corps il se concentra sur sa bouche et finit par retirer la main qui voilait ses yeux. Machinalement elle baissa les yeux et restait là, immobile, intimidée et l'air candide. Son visage et ses expressions paraissaient tellement être en désaccord avec le reste du corps, tellement féminin, tellement charnel.
Il baisa doucement ses yeux, puis ses joues et chaque parcelle de son visage, toujours avec la même douceur. Finalement vint le tour de sa bouche. Hum! Sa bouche était divinement pleine. Il la goûta et la regoûta de plus en plus fort et bientôt elle lui rendit la pareille. Il eut envie de se prosterner à ses pieds et de chialer comme un gosse. Un sentiment d'impuissance l'envahit puis ce fut au tour de la colère. Comment un femme, comment un corps pouvait le renvoyer autant à ce qu'il était au fond, un mec perdu passant d'une femme à une autre sans en ressentir la moindre émotion, complètement désabusé par le sexe et l'amour. Il était touché là où il ne voulait pas l'être et eu soudainement envie de la baiser comme une pute, sans respect, sans réel plaisir, la baiser et la salir. Effacer de son visage cette expression demandant désespéremment d'être rassurée.
Il la poussa sur le lit, défit la braguette de pantalon, enfila une capote et se jeta sur elle. Il lui coinça les bras au-dessus de la tête. Il avait envie de la violer et cette unique pensée le calma. Il se dégoûtait à présent et la relâcha. Il sortit du lit et se rhabilla pour aller s'assoir par terre, se servit un verre de whisky et ne dit plus rien.
Elle ne comprenait pas, se leva et sans un mot vint se blottir contre lui et lui sourit. Elle ne comprenait certes rien à son comportement mais elle avait envie de lui. Elle commença par l'embrasser partout du bout des lèvres. Une partie de lui avait envie qu'elle parte et de ne plus jamais la revoir, tandis que l'autre avait envie qu'elle reste et continue ce qu'elle était en train de faire. Finalement il la laissa poursuivre. Elle fit glisser son pantalon et lui caressa doucement le sexe, puis réveillé par les mouvements de sa main elle lui mit un préservatif et s'assit sur lui. Elle était trop étroite et il mit du temps pour être complètement dedans. C'était très doux et sensuel. Elle bougeait très lentement sur lui pour que ça dure le plus longtemps possible. Ils ne se quittaient pas des yeux, elle avait ses bras autour de son cou et l'embrassait de temps à autre, quant à lui ses mains étaient posées sur ses fesses pour l'aider à garder le rythme.
Le temps était comme suspendu...
05
EMPIRE
Numéro 19
Elle est belle et elle ne le sait même pas.
J'ai pris cette chambre, cette fille.
Numéro 19, une brune aux yeux noisettes.
Elle louche.
Elle a de longues jambes blanches avec un bleu sous le genou droit.
Elle a déboutonné mon jean avec les dents.
Mais nan, j'voulais parler.
La chambre est rouge.
Les deux lampes sont rouges et ça tamisent la pièce.
La chambre est rouge, petite, les draps sont blancs.
La moquette est blanc cassé.
Ses mots tapent sur les tableaux, je vois son dos dans le miroir.
Je veux pas l'écouter, j'veux qu'elle m'écoute.
Je l'ai trouvée assise sur les marches du deuxième étage.
J'ai vu son bleu sous le genou droit et j'ai pensé que son mec la battait.
Mais en fait nan, elle s'est cognée contre la table basse de sa chambre.
Elle a une chambre où il y a une table basse,
c'est une grande chambre,
ses parents sont là aussi.
En tout cas, elle est vraiment belle, très blanche.
Elle tourne dans la chambre en se tenant le bas-ventre.
Je m'allonge sur le lit.
Je commence à parler, à lui dire qu'elle est belle et qu'elle ne le sait pas.
Et que c'est révoltant.
Puis, je lui parle de ma soeur et de sujets d'actualité.
Les élections, la guerre, tout ça.
"Tu vas chercher un DVD?"
Quelle grosse pute!
Lorsque je reviens,
elle est sous la couette et mange des cacahouètes.
Je crois qu'elle est nue et d'ailleurs,
je me dis que tant qu'à pas parler de moi, on aurait pu faire des trucs sexuels.
J'y avais pas pensé.
"T'as entendu l'histoire de Benoît XVI qui disait que les indiens, avant même l'arrivée des colons, ils cherchaient Jésus sans s'en rendre compte?
" Qu'est ce que tu as pris?"
" La Leçon de piano"
" Tu rigoles!? GROS PEDE!"
elle détache bien chaque syllabe.
"Et si tu voulais parler, t'avais qu'à te payer une pute!"
J'ai ramené le film, j'ai amené des M&Ms,
J'ai fait des pieds et des mains pour lui plaire.
Elle était tellement belle
sans le savoir en plus
c'était révoltant
et oui, je voulais lui plaire
sans trop savoir pourquoi
alors que je devais absolument lui parler
parler à n'importe qui
sinon c'était hurler au milieu de la rue
et se faire embarquer par les flics
ou tabasser par des clodos.
Ou picoler avec une pute.
D'ailleurs, j'aurais du prendre une pute, tant qu'à pas baiser.
Parce qu'elle ne semble plus vraiment avoir envie de me sucer la bite.
Elle s'endort doucement,
ses longues jambes blanches
entrelacées aux miennes.
Numéro 19,
Cet hôtel pue la merde.
06
FLO
sans titre
Des nuits à l’hôtel
J’en ai fait des milliers
Mais c’est de l’autre côté,
Que pour moi, tout se passait
Hôtels, rien de moins gai
Hôtels, reflet de notre société
[Egoïsme, violence, hypocrisie]
Il n’est pas rare de rencontrer
Hôtels, égoïsme de notre société
Où seul avec l’argent, tu peux dominer
[Tes aînés]
Qui eux, meurt sur le palier
Hôtels, violence de notre société
Hot, elle y est allée
[Mal accompagnée]
Pour elle, ça sera le dernier
Hôtels, hypocrisie de notre société
Où l’on entend, sans écouter
[La langue a fourché]
Et lui, il est viré !
F.
Sans titre
vaine et haineuse, telle s’il n’éther, art occis d’élus, les pleutres peurs éplorent et pleurent l’épure, celle ces gorgées de limbes dissulées que désossent mes heures aux rivages insolés, mendiant l’âme fictive d’un hôte des rives, d’une belle aborée qu’adorer déroba, insolente esseulée oscillant si rusée son coccyx cérusé, assurée qu’aussi haut, assez bas, aussi bien à ces reins assiéra l’asservi semence de ses sinistres ébats.
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