vendredi 8 juin 2007

SCARLETT JOHANSSON - 01 LES TEXTES:

D'accord, j'ai un jour de retard, je m'excuse. Mais en fait, hier, j'ai mis des escarpins roses et ça m'a fait ultra mal aux pieds.
J'aimerais que chacun d'entre vous puissiez déguster un choko-shake pour parcourir les nouveaux textes du Daring. Lait, glace pillée, NUTELLA, chantilly caramel et jolies lettres. C'est certainement ce que Dieu a inventé de mieux pour permettre au gainers de réussir leur pari et de lire avec plaisir Daring.
Merci encore aux auteurs, je pense que je devrais offrir un choko-shake aux plus fidèles (ou aux plus beaux).



01) "Les histoires d'une personne diaboliquement sympa / véritablement (ou faussement) mauvaise."


01
ANONYME

Sans titre

J'ai connu Anna au Charlatan. Anna, ce serait certainement une personne de plus parmi les personnes que j'ai rencontrées au Charlatan. Je pourrais faire en un trombinoscope. Avec leurs photos évidemment, des lignes de têtes différentes, des visages de tout âge, de toute catégories sociales, y'aurait un transexuel aussi. Une femme qui s'appellait Maggui, un jour, et bam! Elle s'était enlevé les seins. Des mines mal pixelisées, mal définies, retranscrites à l'arrache pincées et mal installées sur un tabouret qui tourne. En bas des tronches de ces gens, y'aurait des trucs écris et ça passerait du purement descriptif (âge, taille, profession, je ne sais quoi) à l'anecdotique. Fritz, par exemple, vit avec sept chats dont chaqun porte le nom d'un des sept nains dans Blanche Neige. Il serait joli le trombinoscope, avec des collages et tout le bordel comme dans un carnet secret. Alors, je pourrais le montrer à un mec qui fait les beaux arts ou un truc dans le genre où on aime l'art quoi.

Mais en fait, Anna, c'est pas possible, ce serait pas juste un visage dans un trombinoscope de pétasse arty et puis d'ailleurs, je ne vois pas comment un trombinoscope pourrait retranscrire l'ambiance du Charlatan. INEPTIE, même bien colorié.

Elle était assise à côté de moi et je fais toujours attention de ne pas prendre assez d'argent pour me payer ma tarte au citron. Alors, elle m'a filé trente centimes d'euros et on a discuté. A priori, Anna était une belle femme. Sa voix n'était pas remarquable, ses mains n'étaient pas remarquables, son corps non plus, n'était pas remarquable, ses traits, ses gestes, ses seins étaient tout à fait banals. Elle était une femme remarquable par l'absence de détails repoussants et par l'inopérance d'un quelconque mécanisme charmant ou attachant. Moi, j'ai des tâches de rousseur qui coulent sur mes joues et mon nez, j'ai de jolies fesses rondes et des genoux absolument immondes. Ca plaît à Paul.

- Ensuite?
Lorsque je rencontre quelqu'un au Charlatan, je le raconte à Paul
- Ben ensuite rien, je suis partie avec le disque qu'elle m'avait donné. J'étais un peu retournée. Tu vois, j'aurais cru qu'elle allait se trahir, qu'une chose, même negligeable allait déconstruire son personnage, le rendre inutile, INEPTE. Mais, non. J'étais vraiment retournée, Paul. Cette gentillesse extrême m'a glacé le sang. Elle aurait aussi bien pu être morte. Je lui posais des tas de questions, chez elle, j'ai fais mine de fouiller, j'voulais vraiment la démantibuler, sa belle personnalité mais elle est restée patiente, imperturbable et parfaite comme sous celluloïd.
- Sa gentillesse alors?
- Ma foi, elle avait le caractère de ce qui est gentil. Calme, généreuse, intègre, tout ce que tu veux. Elle était particulièrement raisonnable, sa gentillesse était compartinentée, régulée, suffisante, d'une telle façon qu'elle ne pourrait nuire ni à autrui, ni à elle-même. C'était comme si elle pouvait poser son cul sur n'importe quoi, n'importe quand avec une grâce infinie, comme si elle recouvrait les gens et les choses d'une gaze philanthropique et harmonieuse. Elle faisait ça, Dieu seul sait comment, de telle sorte que je ne me sentais pas aplatie, contaminée, culpabilisée, c'était pas un roi thaumarturgique, Anna, juste une fille bien. Sa noblesse, mêlée d'indulgence, était contenue, bien maitrisée en elle-même comme une balle rebondissante qui tapait dans sa cage thoracique. Parfois, ça faisait du bruit - elle souriait ou elle disait quelque chose de particulier - mais ça n'irradiait pas. C'était présent mais discret mais quand je suis partie, j'étais retournée, vraiment, pire que la dernière fois.
- Comment elle était avec toi?
- Elle était gentille.


02
PHIL

Sans titre
(Sujet 1 et 2?)


J’ai pas souvent dormi à l’hôtel, mais je me sens en mesure de répondre à ce sujet puisque les quelques fois où j’ai dormi à l’hôtel c’était pour une seule nuit (ou pas plus de deux). Mais je n’ai jamais dormi seul à l’hôtel. Le premier truc qui me vient à l’esprit c’est que lorsque j’entre dans une chambre d’hôtel, pendant quelques dizaines de secondes je parle un peu tout bas, parce que j’ai l’impression d’être chez quelqu’un et je ne veux pas le déranger. Ca c’est à cause de mon éducation, cette politesse à outrance dont j’use aujourd’hui avec parcimonie surtout depuis que je vis à Paris. Parce que dans cette ville les gens ne s’excusent pratiquement jamais de te bousculer, de t’ignorer, de je ne sais quoi d’autre. Pire parfois pour eux, s’excuser c’est un aveu de faiblesse, ils te regardent avec mépris sans piper mots et en serrant les lèvres. Ca ne m’arrive plus maintenant.
Parce que j’ai compris que je faisais une bêtise en m’excusant surtout que dans la plupart des cas la faute est partagée (exemple un coup d’épaule sur un trottoir étroit) (autre exemple tu es bloqué derrière une femme et sa poussette et tu t’excuses parce que tu veux passer, encore sur un trottoir étroit). Une fois dans le train, tôt le matin genre 5h00, mon téléphone a sonné, j’étais très gêné pour ma voisine, je me suis empressé de l’éteindre, elle a lâché un gros soupir. C’est de ma faute, il ne fallait pas prendre cet air désolé, il fallait juste l’éteindre, mais tranquillement, sans trifouiller frénétiquement dans sa poche pour attraper ce truc qui vibre et sonne. D’autant plus que cette vilaine voisine, que dis-je cette grosse conasse de vieille quarantenaire moche qui était montée en gare du Mans, s’est permise de se limer les ongles un quart d’heure plus tard, et surtout de répondre à un coup de fil professionnel. Pas la moindre excuse de sa part. Difficile de ne pas être misanthrope après de telles expériences traumatisantes. Je ne pouvais pas l’insulter encore moins la tuer, je risquais de m’attirer des problèmes. Et les problèmes c’est chiant, c’est fatiguant, et c’est inconnus les problèmes. Alors leur solution n’en parlons même pas. Pour en finir avec ces histoires d’excuses et après promis je reviens à l’hôtel (il y aura peut être même du sexe), je veux juste dire qu’il y en a aussi –et ça n’est pas mon cas- qui s’excusent en voiture, ça j’adore, personne ne les entend mais c’est plus fort qu’eux, il faut qu’ils lâchent derrière leur volant un petit « excusez-moi ».
Bon j’en reviens à l’hôtel. La première fois c’était à Prague je crois, ou alors dans un grand hôtel parisien à proximité du Sénat, aux frais de beau papa. Avec ma petite amie. On était jeune, on n’avait fait l’amour quelques dizaine de fois. Seulement. Et moi j’avais envie de tester des trucs, rien d’exceptionnel, rien d’ahurissant, juste un truc inédit : la baignoire. Donc en entrant dans l’hôtel, j’ai foncé discrètement (c’est possible de foncer discrètement) vers la salle de bain. J’étais rassuré il y avait une baignoire. Ainsi j’ai fait tout mon possible pour qu’on prenne ce putain de bain tout les deux. Et ma foi ça ne ma pas marqué, on a pris le bain conjugal mais c’était pas du tout confortable, on a très vite rejoint le lit rebondi.
J’aime bien les frigos aussi dans les chambres. Je tape pas dedans j’ai pas de rond, mais ça me plairait assez de me saouler dans une chambre d’hôtel. Tout seul. La TV est un passage obligé. Combien de chaînes ? Est ce qu’il y a Canal ? Et à l’étranger tu t’amuses vite fait avec les chaînes indigènes, ensuite quand tu tombes sur une chaîne française tu te sens bien, et tu es prêt à regarder un truc français que tu n’aurais jamais osé regarder à la maison.
Le téléphone aussi. Tu le tripotes un peu. Si t’es avec quelqu’un tu fais la petite blague habituelle en mimant une commande astronomique et en employant un ton insultant envers un réceptionniste virtuel. Je pense au petit déjeuner aussi. J’aime assez tout ce linge propre, les trucs propres, les toilettes et la salle de bain propres, c’est propre une chambre d’hôtel aux frais de beau-papa.

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